Alcool et drogue en entreprise, une politique interne nécessaire.
La tournée minérale… l’occasion rêvée de penser ou repenser la politique de prévention en matière d’alcool et de drogues au travail ?
Beaucoup de travailleurs consomment régulièrement de l’alcool, et ceux qui n’en consomment pas s’excusent de ne pas en consommer. D’autres essaient les drogues, mais personne ne parle d’addiction… Alcool et drogue, éclaircissements sur l’utilité d’une politique interne préventive…
Une politique préventive
La loi belge invite les employeurs à disposer d’une politique préventive en la matière mais ne précise pas la manière de sa mise en place ni son contenu. Elle oblige simplement les employeurs à communiquer aux travailleurs la déclaration d’intention comme reprise dans la CCT n° 100.
MAIS cela ne suffit pas !
La déclaration d’intention doit être déclinée en règles concrètes applicables dans l’entreprise :
- ce qui est permis
- ce qui est toléré
- à quelles occasions
- ce qui est interdit
- pour qui
- pour quoi
- avec quelles sanctions
- quels contrôles
- quelles responsabilités.
La consommation d’alcool et de drogues est devenue un problème de santé publique… qui mérite toute l’attention nécessaire.
L’alcool, le médicament anti-stress
Encore aujourd’hui, trop de travailleurs terminent leur travail en consommant de l’alcool, entre collègues, pour souffler après une journée de dur labeur. Pour certains, ce rendez-vous est quotidien.
La consommation d’alcool à proximité du lieu de travail concerne tous les types de collaborateurs, de l’ouvrier au cadre supérieur. Le repas du midi, qu’il soit entre collègues ou en représentation avec un client, s’accompagne bien souvent d’un verre de vin ou d’une bière. Les anniversaires, mariages, naissances, retraites ou promotions sont également des occasions de consommer de l’alcool. Que faut-il en penser ?
Chacun connaît aujourd’hui la “Tournée Minérale”, cette action visant à sensibiliser à la problématique et à inciter chacun à expérimenter le mois sans alcool et ses effets sur la santé.
Mais indépendamment des initiatives privées que peuvent prendre les travailleurs, quel est le rôle de l’employeur ?
La drogue et les médicaments, prohibés
Par drogue, on peut entendre différentes substances, licites ou illicites, comme
- les médicaments : stimulants, somnifères, analgésiques, calmants, anti-stress, etc.
- les drogues dures et douces mais illicites, c’est-à-dire interdites à la production, à la vente, à l’usage et à la détention : cocaïne, héroïnes, LSD, opium, cannabis, extasy, etc.
La plupart des effets de ces différents produits se prolongent sur le lieu de travail, même s’ils ont été consommés plus tôt dans la journée et en-dehors des heures de travail. Certains peuvent agir pendant une très longue durée, comme par exemple :
- les somnifères, certains agissent encore après un tour de cadran ;
- le LSD, peut avoir une durée d’action jusqu’à 10 heures ;
- l’héroïne, se ressent entre 4 et 6 heures d’affilées.
Mais aussi…
Le café… Et oui ! Lors d’une consommation exagérée de café, celui-ci peut générer un état de stress important et surexciter le consommateur, ou encore l’énerver et/ou le rendre énervant pour ses collaborateurs…
Les effets néfastes
Toutes ces substances ont un effet désastreux sur la santé, la capacité d’écoute, la vigilance, l’attention, la concentration ou encore la réactivité.
Sur le lieu de travail, elles constituent un risque psychosocial très important. Les effets néfastes sont nombreux et peuvent entraîner des troubles psychiques et physiques. Selon la substance consommée, les troubles suivant sont constatés :
- psychiques : vertiges, nausées, diminution de la vigilance, décrue des réflexes, pertes de mémoire déshydratation, dérèglement du rythme cardiaque, etc. ;
- physiques : anxiété, confusion, nervosité, panique, délires, instabilité de l’humeur, hallucinations, etc. ;
- risques sociaux : désinhibition, violence, attitudes provocatrices, etc.
De plus, le taux de la substance active dans le sang est parfois trop élevé le lendemain matin après sa prise, ce qui peut présenter des risques pour les personnes devant pratiquer des activités où la vigilance est importante, comme la conduite.
Afin de suivre l’optique de la politique du bien-être en entreprise, chaque employeur a l’obligation de mettre en place en interne, sa propre politique préventive en matière de drogue et d’alcool.
Objectifs
Pour l’employeur :
- anticiper les problèmes que peut poser la prise de ces différentes substances chez ses travailleurs ;
- accompagner ceux-ci en cas de difficultés ;
- agir en cas de suspicion.
Pour le travailleur :
- connaître les sanctions auxquelles il peut s’attendre en cas de non-respect des règles en vigueur ;
- éviter les envies nocives de consommation.
Les mesures de la politique préventive doivent idéalement figurer dans le règlement de travail de l’entreprise, un document dont chaque travailleur doit disposer et qui comporte les règles qu’il s’engage à respecter.
Et pour certains, l’alcool au travail est parfois nécessaire
Même s’il faut prohiber la consommation d’alcool et/ou de drogues sur le lieu de travail, certaines exceptions à cette interdiction doivent être acceptées en raison de la nature de l’activité exercée.
Dans une entreprise de brasserie ou de viticulture, ou encore pour un sommelier, consommer de l’alcool est une démarche normale, même parfois nécessaire !
Pour connaître son produit, le vanter et le vendre, il faut le goûter, le déguster et le consommer avec le client… et recommencer la dégustation, avec un autre client, puis deux, puis trois.
Dans certaines entreprises, la tolérance est de zéro !
Par exemple, dans une entreprise de réparations automobiles, de conceptions et/ou de vente de pneus, là où la tolérance est en général égale à zéro.
Pourquoi ? Car les techniciens doivent tester les véhicules, se déplacer avec eux sur un circuit ou sur une route, et ces véhicules ne leur appartiennent pas.
Une politique sur-mesure
Une politique de prévention en matière de consommation d’alcool et de drogue au travail doit, pour être efficace, être conçue sur mesure et tenir compte de la spécificité des activités de l’entreprise. Inutile de reprendre celle de l’entreprise voisine, active dans un secteur distinct, avec ses propres contraintes, idées et modes de fonctionnement. Car la meilleure politique sera celle qui prend en compte les particularités de l’entreprise concernée, et doit être conçue en collaboration avec les travailleurs, afin qu’ils se sentent plus impliqués, parce que respectés et compris.
Attention : l’insertion d’une déclaration d’intention dans votre règlement de travail ne suffit pas !!!
Je profite du mois de la tournée minérale pour mettre en place une politique interne sur l’alcool et la drogue au sein de mon entreprise !
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