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À partir du 1ᵉʳ octobre 2025 en Wallonie, l’obligation des compétences en gestion sera supprimée. Cela signifie qu’un entrepreneur ne devra plus prouver ses compétences de gestion de base via un diplôme, une expérience ou un examen afin de créer sa propre activité commerciale ou artisanale.

L’objectif de cette démarche est de simplifier l’accès à l’entrepreneuriat et ainsi s’aligner sur la Flandre et Bruxelles.

Cependant, les compétences professionnelles spécifiques restent obligatoires pour certaines professions réglementées telles que la construction, l’Horeca, etc.

Bien que ces compétences de gestion ne devront plus être prouvées, elles demeureront toujours nécessaires dans la pratique.

Afin d’en savoir plus sur ce sujet, voici une interview croisée avec Grégory Van Michel, expert-comptable et fiscal certifié, fondateur associé de BCGFi, et Anne Mauhin, juriste-conseil d’entreprises & fondatrice de Légal PME.

Interviews : regards croisés

Quels sont les risques fiscaux et juridiques les plus fréquents pour un entrepreneur qui se lance sans formation en gestion ?

GVM, expert-comptable : Il n’y a peut-être pas directement de risques fiscaux. En revanche, il y a un risque d’être mal conseillé et de ne pas remplir toutes les obligations légale, et de se retrouver avec des amendes administratives pour des dépôts tardifs ou des documents qui ne seraient pas complétés correctement. L’absence de l’obligation d’un diplôme de gestion, même si elle était présente jusqu’à maintenant, ne garantissait pas que les entrepreneurs savaient ce qu’ils devaient faire. Donc, cette suppression n’augmente pas les risques fiscaux.

La seule chose, c’est que le fait d’avoir au départ une obligation de connaissance de base en gestion n’était, à mon sens, déjà pas suffisante. Quand les entrepreneurs se lançaient seuls, il y avait beaucoup de catastrophes ensuite, justement parce qu’ils n’avaient pas rempli correctement leurs documents. Et, en cas de contrôle, les conséquences  peuvent être le redressement fiscal avec des amendes.

AMA, juriste : Le risque principal est de ne pas comprendre et effectuer toutes les obligations qui incombent à un entrepreneur : hormis ce qui est connu de tous (BCE, TVA et comptabilité), une entreprise a de multiples obligations, notamment en matière de protection des données, sécurité informatique, mentions légales sur un site web, etc. 

La situation familiale de l’entrepreneur peut également influencer le type de structure choisie pour démarrer. Une analyse est nécessaire afin que l’entrepreneur ne mette pas en péril ses biens privés, par exemple.

Comment éviter les erreurs courantes dans la comptabilité (TVA, facturation, dépenses privées vs professionnelles) ?

GVM, expert-comptable : Même si on a un diplôme de connaissances de base en gestion, la comptabilité est un métier ! Donc, pour pouvoir être entrepreneur aujourd’hui, il faut se faire correctement accompagner par un expert-comptable et un conseiller fiscal, et même si cela a un coût. Cela permet dès le début de pouvoir mettre sur table les objectifs, le chiffre d’affaires, l’activité, les frais possibles, le fonctionnement de la TVA, etc.

Aujourd’hui, le comptable ne doit plus simplement remplir les obligations légales de son client. Notre rôle de demain, en tant qu’expert-comptable, est vraiment du conseil et de l’accompagnement au démarrage et au quotidien par la suite. Un entrepreneur qui se lance, s’il est mal accompagné et même s’il remplit toutes ses obligations légales, peut se retrouver face à des difficultés par la suite.

Comment éviter les erreurs juridiques courantes (forme choisie, contrats, droit du travail, RGPD) ?

AMA, juriste : La meilleure manière d’éviter les erreurs juridiques est de s’adresser à un juriste. Chez Légal PME, nous accompagnons, de manière accessible financièrement, les entreprises débutantes. Elles bénéficient d’un tarif préférentiel au cours de leurs deux premières années d’activité. 

En outre, il vaut mieux ne pas faire trop confiance aux personnes « qui savent » autour de soi. 

Une activité professionnelle n’est pas l’autre et ce qui fonctionne pour une activité ne fonctionne pas nécessairement pour la sienne.  

De la même manière, s’adresser à une IA pour avoir des réponses à ses questions est un bon début, mais l’IA ne pense pas à toutes les conséquences de ses réponses, ne donne par forcément les réponses adéquates et correctes au regard de la législation belge. Ne faire confiance qu’à l’IA peut entraîner des conséquences importantes, voire désastreuses pour l’entreprise. 

Le fait de ne plus exiger de gestion de base risque-t-il d’augmenter les contrôles fiscaux ou les redressements ?

GVM, expert-comptable : À mon sens non, parce qu’il n’y avait pas de lien entre le fait d’avoir son diplôme et les contrôles, qui sont tirés au hasard. Pour moi, cela ne changera rien en termes de fréquence et de conséquence, étant donné que le diplôme était déjà insuffisant pour pouvoir gérer correctement tous ces aspects. On ne regardait pas la qualité du diplôme ni les cours qui avaient été suivis, donc finalement ça ne servait pas à grand-chose.

Et c’est ce qui est dramatique. Nous, en tant qu’experts-comptables, on doit essayer d’accompagner nos clients et parfois on doit démarrer de zéro. C’est donc souvent compliqué de faire comprendre quelles seront les incidences si un dossier est mal tenu ou si les documents ne sont pas transmis à temps. Il faut anticiper !

Quels outils ou accompagnements recommandez-vous à un indépendant qui démarre sans bagage en gestion ?

GVM, expert-comptable : Pour moi, le plus important est de se faire accompagner par un expert-comptable dès le démarrage.

Si l’entrepreneur ne veut pas être accompagné, il faut qu’il se forme un minimum et qu’il sache dans quoi il met les pieds.

Le fait de pas être accompagné du tout, je crois que c’est un peu prétentieux : chacun son métier ! Je crois qu’à un moment donné, il faut s’assurer qu’on n’a pas de soucis avec les chiffres et avec le côté administratif, où il faut être relativement à l’aise. Ça, c’est la première chose. La seconde, c’est qu’il faut être quand même rigoureux au niveau administratif et d’organisation d’agenda, parce qu’il y a des échéances à ne pas rater.

Il y a plein d’outils de comptabilité en ligne sur le marché. Cependant, l’outil va fonctionner, mais on va avoir des entrepreneurs qui vont manquer d’esprit critique dessus. Ça ne reste que des logiciels qui vont traiter des données. Mais si on ne rentre pas les données correctement ou si on ne fait pas assez attention et qu’on n’a pas un minimum de connaissances, on risque de faire des erreurs.

Quelles sont les obligations légales incontournables (RGPD, droit du travail, contrat) qu’un indépendant ne doit absolument pas négliger ?

AMA, juriste : L’indépendant a diverses obligations fondamentales comme respecter le traitement des données personnelles, ou encore avoir une facture complète reprenant les mentions obligatoires. 

En droit du travail, l’entrepreneur qui engage un travailleur doit s’assurer d’avoir un contrat de travail complet, un règlement de travail, et d’autres types de documents qui protégeront l’entreprise en cas de conflit avec le travailleur

L’absence de formation en gestion pourrait-elle conduire à une hausse des faillites ?

AMA, juriste : A ce stade-ci, je n’en ai aucune idée. Je dirais que cela pourrait, oui, si l’indépendant ne s’adresse pas aux personnes ressources nécessaires : juriste et comptable, par exemple. 

Conclusion

En conclusion, il est important de retenir que le risque de contrôle fiscal ne va pas augmenter. Cependant, tant au niveau fiscal qu’au niveau juridique, les risques de compléter erronément des documents ou de ne pas respecter les échéances vont augmenter. Ces manquements peuvent donc entraîner de lourdes conséquences, telles que des amendes.

En outre, initialement, le diplôme qui garantit les compétences en gestion n’assurait pas nécessairement le savoir-faire requis. L’essentiel est donc de s’entourer des bonnes personnes ainsi que de professionnels afin d’éviter toutes erreurs.

Enfin, il est important d’utiliser l’intelligence artificielle et les logiciels d’aide avec prudence, et de toujours conserver un regard critique.

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